L’accès pernicieux ou paludisme pernicieux ou neuropaludisme

Ce syndrome malin du paludisme est très redoutable car mortel. Les sujets atteints sont intensément parasités par Plasmodium falciparum qui va rapidement se multiplier dans les vaisseaux capillaires profonds viscéraux et notamment dans les capillaires encéphaliques. Les hématies parasitées présentent des knobs ou protubérances et ont alors une affinité immunologique pour les cellules endothéliales des capillaires viscéraux, créant ainsi par leur agglomération un encombrement vasculaire, point de départ des réactions aboutissant à une anorexie tissulaire responsable d’une encéphalopathie aiguë.
Soyons franc, le mec atteint d’un accès pernicieux se fout de ce que je viens de vous raconter, il n’a en effet que 48 à 72 heures pour régler sa succession si un traitement ne lui est pas instauré d’urgence…

Le début de l’accès pernicieux peut être insidieux ou brutal avec une fièvre atteignant 40, 41 voire 42°C. Le pouls s’accélère. D’emblée des troubles psychiques confusionnels ou délirants dominent la scène, associés éventuellement à des troubles neurologiques tels que mouvements anormaux, troubles du tonus, abolition des réflexes tendineux, aboutissant rapidement à un coma plus ou moins entrecoupé de convulsions.
Que va découvrir le médecin appelé de toute urgence au chevet de ce malade ?
Son examen clinique pourra mettre en évidence :

  • une splénomégalie, signe de défense et de bon pronostic.
     
  • une hépatomégalie (cette fois ce n’est plus la rate qui s’dilate mais le foie…), signe de mauvais pronostic.
     
  • une anémie hémolytique accompagnée d’un ictère qui accroît l’anoxie tissulaire. Là aussi, le pronostic est mauvais et le médecin ferait mieux de céder sa place au notaire.
     
  • une insuffisance rénale due à la déshydratation intense du sujet et aux troubles de la microvascularisation rénale.
     
  • un état de choc avec hémoconcentration : l’azotémie et la kaliémie sont très élevées. Attendez, je vous traduis ça en termes plus compréhensibles : l’azotémie, c’est le taux d’urée sanguine, et la kaliémie, le taux de potassium sanguin.

Si le diagnostic est précoce, si un traitement est instauré d’urgence, la guérison est de règle et sans aucune séquelle le plus souvent. Mais toutes les minutes comptent…, sinon l’évolution est fatale dans les 2 ou 3 jours.
Écrit par
Denis DELAVAL.

http://www.fleur-blanche.org/HTFB-ancien-site/dossiers/paludisme/bulletin21-infospalu4.htm

 


La prise en charge d'un paludisme grave chez l'adulte et chez l'enfant est une urgence.
Tout paludisme grave doit être hospitalisé en réanimation
.
 

flecheM E D I C A L  :fleche


"avec l'aimable autorisation de vulgaris-medical.com"


Neuropaludisme

Voir également paludisme

Synonyme : Accès pernicieux, fièvre pernicieuse

En anglais : pernicious malaria, severe malaria.

 

Manifestation grave mais rare, quelquefois mortelle survenant après une infestation par le plasmodium falciparum (le plus souvent), parasite transmis par l'anophèle femelle, moustique responsable du paludisme.

 

L'accès pernicieux appelé aussi neuropaludisme (touchant le système nerveux) est la forme grave du paludisme. En effet le plasmodium falciparum qui est le parasite transmis par les moustiques femelles de type anophèle, à l'origine du paludisme, est susceptible d'atteindre le cerveau. Ce sont les enfants qui en sont le plus souvent atteints. Les femmes enceintes en zone d'endémie et le voyageur sans immunité anti palustre (contre le paludisme) sont également susceptibles de présenter cette pathologie.

Le neuropaludisme se caractérise par un syndrome (ensemble de symptômes) pernicieux (très graves) dont le début est fréquemment brutal :
Adynamie (le patient ne bouge plus)
Prostration (affaiblissement extrême des forces musculaires obligeant le patient à s'immobiliser)
Asthénie intense (grande fatigue)
Collapsus (impossibilité pour certains organes de fonctionner normalement, c'est le cas entre autres de la circulation sanguine et du cœur)
Troubles digestifs (nausées, vomissements, diarrhées) à l'origine d'une déshydratation (perte importante de liquide) entraînant...
Anurie (absence d'urine)
Hyperazotémie (élévation du taux d'azote provenant de la dégradation, destruction des protéines du patient lui-même, dans le sang)
Sueurs froides
Cyanose (coloration des tissus, de la peau en bleu-violet traduisant la diminution de l'arrivée de l'oxygène)
Refroidissement intense des extrémités (mains pieds)
Hyperthermie (élévation de la température) importante
Hypoglycémie (diminution du taux de glucose dans le sang)
Anémie sévère

Évolution
Des troubles neurologiques à type de troubles de la conscience et de convulsions peuvent survenir, ils peuvent aller jusqu'au coma. Au départ il s'agit de simple tremblements, de délire et d'une fièvre très élevée. Dans ce cas le pronostic de la maladie est moins favorable.

Le traitement de l'accès pernicieux (qui est mortel le plus souvent) fait appel à la quinine injectée directement dans la circulation sanguine par voie intraveineuse en milieu hospitalier. Sans traitement convenablement conduit, la mortalité est de 20 %. Le patient peut également présenter des séquelles neurologiques définitives surtout chez l'enfant.

Révisé le 01/01/2003

La malaria

Malaria et paludisme sont les deux termes compris partout, et les plus communément utilisés pour désigner la maladie dont nous parlons. De ces deux vocables, le premier impose à l’esprit l’idée du mauvais air, l’autre celle des marais, c’est à dire les deux causes étiologiques invoquées depuis des siècles pour expliquer les fièvres périodiques que nous identifions aujourd’hui au paludisme. Il était naturel, étant donné la fréquence de la maladie en Italie et les nombreuses observations qui y ont été faites, que la référence au « mauvais air » ait trouvé son expression dans ce pays. Il semble que ce soit au Moyen Age que les deux mots mala et aria ont été réunis, en un seul, malaria, qui ne désignait d’ailleurs pas la maladie mais la cause la provoquant (47).  
Le terme s’est maintenu jusqu’à nos jours en langue anglaise. D’après les recherches de P.F. Russel (en 1955), le mot malaria aurait été écrit pour la première fois « en anglais » en 1740 par Horace Walpole à l’occasion d’un voyage en Italie et pour désigner la cause d’une « mortalité » annuelle et c’est seulement en 1743 qu’il serait apparu dans un texte médical italien publié à Rome par F. Jacquier. Mais le Dictionary of English Language, dans son édition de 1827, ne fait pas encore figurer le mot malaria. Et c’est Macculloch (1775-1835) qui fut vraisemblablement le premier auteur médical anglais à utiliser le terme, qu’il déclare emprunter à l’italien, dans son ouvrage, écrit en 1828, intitulé Malaria ; an essay on the production and propagation of this poison (51).
Le mot malaria est ici employé dans le sens d’une substance chimique provoquant la maladie.

Il s’agit là d’une référence assez précise, par contre, il est difficile de savoir à quelle date exacte « paludisme » est entré dans la langue française.


Le paludisme

Le Dictionnaire de l’Académie Française par J. B. Coignard en 1694 mentionne bien marais et « marescage », mais il ne comprend ni « palus », ni « palud ». Alors que le Dictionnaire de l’ancienne langue française par Godefroy (1888) fait dater « palustreuse » de 1485, « paludeux » de 1491, « palustre » de 1528, « paludineux » de 1530. Le Dictionnaire étymologique de Dauzat (1958) indique 1505 pour « palustre ».

Il s’agit toujours pour chacune de ces expressions soit de ce qui a trait à la nature du marécage, soit encore de ce qui y vit ou croît (hommes, plantes). Il ne sera pas question avant longtemps de maladie pouvant avoir un rapport avec le « palud ».

Ce n’est qu’aux environ de 1840 que l’adjectif « paludéen » commence à apparaître dans la littérature médicale associé à fièvre ou maladie. Ce n’est en 1851 que le Nouveau Dictionnaire lexicographique et descriptif des Sciences Médicales et Vétérinaires (Raige-Delorme, Boulet, Daremberg) inclut « paludéen » avec la définition suivante :

Paludéen, adj. (de palus, marais) : qui à rapport aux marais, qui est causé par les effluves marécageux ; miasmes paludéens ; affections, fièvres paludéennes.

Le mot paludéen n’est admis à l’Académie Française qu’en 1878 en même temps que son synonyme « palustre ». Quant au mot « paludisme », il n’apparaît toujours pas. Par exemple, il n’existe pas dans le Grand Dictionnaire Universel de Pierre Larousse de 1874.

En revanche, « impaludisme » que l’on commence à lire dans les rapports médicaux et les communications à partir de 1846, est défini en 1873 comme un « état général de l’économie, avec prédisposition aux affections intermittentes de la rate, amené par les séjours dans les marais. V. Paludéen. » (Dictionnaire de la Médecine, E. Littré et Charles Robin, 1873).

Il faudra attendre 1857, date à laquelle on retrouve le mot paludisme sous la plume de F. Jacquot, médecin militaire appartenant au Corps d’Occupation des Etats Romains. Mais pour lui, le terme paludisme semble toujours (comme impaludisme) se rapporter plutôt à la cause provoquant les fièvres intermittentes qu’à la maladie elle-même. C’est ainsi qu’en 1861, J. A. Laure en Guyane, à propos de la fièvre jaune, dit qu’elle peut être « liée au paludisme ».

En 1867, A. Verneuil, chirurgien de l’hôpital Lariboisière, parlant au Congrès international de Médecine de Paris des patients, dit : « ..l’opéré est (…) imprégné d’un poison comme dans la syphilis, le paludisme, la diphtérie, les fièvres éruptives et typhoïdes… ».

Et voici le paludisme inclus, sous ce nom, en tant que maladie parmi d’autres affections déjà reconnues.

En 1881, toujours Verneuil, dans une série d’articles publiés dans la Revue de chirurgie, dit à propos des divers synonymes employés, (fièvre intermittente, fièvre palustre, paludisme, impaludisme, malaria, tellurisme), qu’il préfère le terme paludisme comme plus court et plus clair et parce qu’il est possible d’en tirer le mot paludique qui s’applique aux personnes et aux choses. Toutefois, en cette même année 1881, dans deux communications à l’Académie des Sciences et à l’Académie de Médecine, Alphonse Laveran continue d’employer fièvre palustre et impaludisme.

En 1884 enfin, dans son Traité des fièvres palustres avec descriptions des microbes du paludisme, Laveran écrivait dans son introduction :

« Les mots paludisme, paludique, qui ont été adoptés par Monsieur le professeur Verneuil (…) me paraissent excellents pour désigner l’ensemble des troubles morbides produits par les microbes des fièvres palustres et les maladies qui sont sous le coup de ces troubles morbides ».

En 1907, il souhaitait dans son Traité du paludisme que le mot paludisme soit employé de préférence à ses nombreux synonymes. Il écrivait : « Le mot paludisme a été préconisé par Verneuil. (…) Il est devenu familier au public médical et je l’ai inscrit sans hésiter en tête de ce livre ».

De fait, à cette date, le mot paludisme était déjà entré dans l’histoire de la médecine tropicale.

La date officielle, sanctionnée par les dictionnaires, de l’entrée du mot dans la langue française est fixée à l’année 1884. Il apparaît dans le Dictionnaire Encyclopédique de A. Dechambre

Il fallut toutefois attendre 1920 et la 7° édition du Dictionnaire des termes techniques de Médecine par M. Garnier et V. Delamare pour voir accolé au mot paludisme le nom de A. Verneuil, le chirurgien auquel revient le mérite de l’avoir préconisé et fait adopté par Laveran lui-même.

H. H. Scott écrit au sujet de « l’appellation » de la maladie, dans son Histoire de la médecine tropicale parue en 1939, que le nom de malaria, utilisé depuis longtemps en anglais est la perpétuation d’une erreur, car la maladie n’a aucun rapport avec le « mauvais air » et que l’autre nom paludisme est également une erreur, car il y a des marais sans paludisme et en beaucoup d’endroits du paludisme sans marais.
 




 

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